La vie est étrange, on l'a vie sans savoir ce que demain nous réserve. On espère et on croit, on se dit que demain sera meilleur qu'aujourd'hui, mais parfois on se trompe... Parfois, la vie est une boucle interminable, on revit encore et encore les douleurs que l'on nous inflige... À tel point que l'on souhaite en finir pour toujours.
Et on se réveille, on espère et on croit …
Mila a souvent espéré s'en sortir, extérieurement aujourd'hui elle semblait être comme toute les autres femmes et pourtant elle n'était plus qu'une enveloppe corporelle vide... En la vie elle n'y croit plus... en l'amour non plus.

Aujourd'hui pourtant, elle avait pris une décision et pour une fois elle comptait s'y tenir, elle avait peur mais il le fallait...
Il faut avoir l'instinct de survit pour affronter ce qu'elle vivait au quotidien...
Oui aujourd'hui, Mila Anderson allait reprendre sa vie en main.
Voilà des jours qu'elle prévoyait son départ. Elle avait failli y renoncer tant de fois, mais cette fois si, elle allait tenir bon.

Vérifiant l'heure de son vol d'une main tremblante, elle s'encouragea à voix haute :
- il le faut, je ne survivrais pas un jour de plus dans cet appartement.

Après avoir effacé toute trace de son passage sur l'ordinateur, la jeune femme alla dans cette chambre qu'elle détestait tant, sans prêter attention au reste de la pièce, elle s'avança vers l'armoire pour prendre les affaires dont elle aurait besoin. La peur ne la quittait plus, elle savait qu'elle n'avait pas beaucoup de temps et pourtant elle ne put s'empêcher de rester là les yeux rivés sur les piles de linge.
Elle aurait dû partir loin pendant qu'il n'y avait personne, mais elle devait affronter ses démons. Elle s'était trop souvent effacé et cela elle ne devait plus le faire.

Poussant un long soupire, la brunette ferma le tiroir de l'armoire et resta un moment figée sur place. Elle ne voulait pas emporter quelque chose qui lui rappellera sans cesse sa vie ici, sa vie avec lui...

« Je ne veux pas vivre avec des souvenirs remplis de douleur, un nouveau départ voilà ce qu'il me faut pensa Mila tristement. Comme si cela serait possible. Je ne suis plus rien. Je suis qu'un fantôme, un être sans vie...»

Après avoir consulté l'heure, la jeune femme descendit les marches quatre à quatre, elle ne voulait pas qu'il rentre avant qu'elle ait eu le temps de mettre ses idées en place. Voulant qu'il remarque son futur départ, elle déposa son sac devant la porte d'entrée. Elle ne prendrait rien d'autre, elle ne voulait rien et elle partira avec le peu de dignités qu'il lui reste.

Les minutes passèrent, se transformant en heure et la peur grandit en elle, Il ne revenait pas, elle aurait pu partir sans se retourner et pourtant, elle était là. Elle devait affronter ses démons, elle voulait en finir et pourtant, elle avait très peur... Comme à chaque fois, elle savait ce que son retard annonçait. Il lui avait tant fait subir .

- Il s'excuse et recommence sanglota-t-elle, toujours pus fort, toujours plus plus fréquemment... Je dois partir et en même temps, je n'ai plus rien... Que faire ?

Mila avait voulu croire en lui, elle l'avait aimé, elle avait tout sacrifié pour lui, s'éloignant de sa famille, de ses amis... Mais Oliver n'avait jamais cessé de la battre. C'était-un homme jaloux, entêté, dominateur... Et en plus de ça un alcoolique...

- Tant de fois il m'a promis de se faire soigner et il n'en a jamais rien fait... Si au moins j'avais eu le courage de partir, si au moins j'avais eu quelqu'un chez qui aller....

Se relevant malgré son envie de rester là inerte comme tant de fois, Mila s'accrocha à cette envie de fuir. Si elle avait enfin le courage d'aller jusqu'au bout, le reste viendra ensuite.
Elle comptait regagner cette ville qui l'avait vu grandir, celle qu'elle n'aurait jamais dû quitter.
- Bien que certaines personnes ne veulent plus de moi là-bas, je sais qu'une d'entre-elles ne m'a pas oublié. Tu es ma dernière chance et je vais la saisir, peu importe ce qu'il adviendra.

En pensant à celle qu'elle aimait plus que tout, la jolie brunette ne put retenir la tristesse qui l'envahie. Car malgré tout, il lui restait ses vieux démons qu'elle avait cru quitter en faisant sa vie avec Oliver. Et ceux-là, malgré la distance, elle n'avait jamais pu vraiment les oublier, sa vie avait été un ensemble de tristesse...

- Je ne me souviens pas d'avoir été un jour heureuse. Comme si cela m'était interdit, j'aurais aimé pouvoir juste une fois penser à des souvenirs heureux.

Chassant du revers de la main une larme qui avait roulé le long de sa joue, Mila poussa un long soupir et se promit d'essayer de ne plus avoir de tristes pensées.

- Je vais essayer au moins pour aujourd'hui, car si je me mine encore le moral, je ne vais pas avoir le courage de l'affronter . Et je ne peux pas continuer, il a bien failli me tuer quand il m'a poussé dans l'escalier... Personne n'a rien su comme toujours... Qui se soucierait d'une pauvre fille comme moi ?

Chassant ses pensées de nouveau, chose qu'elle faisait de plus en plus souvent,Mila lança un regard circulaire dans l'appartement. La cuisine bien que simplement meublée était propre rien ne laissaient penser que de nombreuses scènes avaient lieu dans ce lieu, mais cela n'était pas sa seule préoccupation, si un détail lui échappait, il allait encore être dans une colère noire.

Un rien lui déplaisait : sa façon d'être, sa façon de tenir leur appartement, les gens qu'elle côtoyait, le regard des hommes... Elle était sa marionnette et elle devait agir que quand il lui en donne l'ordre.

Alors comme à chaque fois, il fallait que chaque chose soit à sa place. Et quand bien même elle avait décidé de le quitter, elle ne pouvait s'empêcher de trembler de peur.
« Faite qu'il ne me fasse pas de scène. Je ne veux pas me retrouver couverte de coups. Pas cette fois, j'aurai dû partir sans lui dire... » se plaignit la brune apeurée.

Le moment tant redouté arriva, comme à son habitude il rentra en colère. Elle n'eut même pas besoin de vérifier si c'était lui ses pas pressés et lourds qui raisonnaient sur les marches du perron l'avertirent de sa présence.
« Protégez-moi de lui pria-t-elle silencieusement. »

Mila n'eut pas besoin de le regarder pour savoir qu'il était furieux, à peine dans la maison que l'odeur de l'alcool et des cigarettes remplirent la pièce. Instinctivement, elle frissonna qu'allait-il inventer pour la punir ?

- Bonsoir dit-elle dans un chuchotement.

Serrant le poing, il regarda la maison d'un air d'expert, il cherchait la faille, il voulait un prétexte pour passer sa colère sur elle, la jeune femme le savait, il allait recommencer.

Et elle avait vu juste. À peine eut-il croisé son regard qu'il dit amer :
- tu as fait quoi toute la journée ? L'appartement est dans un état désastreux ! Tu ne pouvais pas laver et ranger un peu ?
- Je... Mais il n'y a rien Oliver... J'ai tout...
- Ne me répond pas tu veux ! Où est ma bière ?
- Tu... Tu as jeté la dernière hier quand tu... tu as dit que tu arrêtais de boire . Dit-elle avec maladresse.

Et là ce fut la phrase de trop, Oliver se métamorphosa sous les yeux de la jeune femme et devint son bourreau, celui qu'elle redoutait plus que tout au monde.
- Tu n'es qu'une imbécile ! Tu as cru que j'allais m'arrêter de boire ! Non mais un homme n'a plus le droit de boire un coup après une longue journée de travail ? Je te rappelle que c'est moi qui bosse pour t'offrir tout ce qu'il y a ici et non toi ! Alors tu vas bouger ton cul et tu vas aller me chercher de quoi boire !

Et là pour la première fois depuis qu'il avait fait de sa vie un enfer, elle dit d'un ton ferme :
- non ! Je n'irai nulle part, tu vois ce sac, je te quitte Oliver s'est fini nous deux !
- Quoi ! Explosa-t-il moi vivant jamais tu ne quitteras cette maison !
- Je n'ai aucun ordre à recevoir de toi dit-elle redevenu plus calme. Tu ne m'aime pas Oliver, tu veux me posséder, tu aimes dominer les gens. Je ne suis pas ta chose, je suis un être vivant et tu m'as trop fait souffrir. Je n'ai pas voulu partir comme une voleuse, je suis quelqu'un d'honnête et je te devais bien des adieux en bonne et due forme.

Oliver de plus en plus hors de lui attrapa Mila par le cou et la plaqua violemment sur la table et tout en serrant son étreinte,il dit avec rage :
- tu me dois tout ! Tu es vivante parce que je le veux bien! Tu m'appartiens, tu entends! Rien, ni personne ne mettra la main sur toi !
- Je … lâche moi supplia-t-elle avec du mal. Tu me fais mal, je t'en prie...
- Je fais de toi ce que je veux ! Qui c'est ? L'interrogea-t-il en hurlant. Qui t'a monté la tête contre-moi ?
- Personne, mais tu es fou ! Je ne sors pas à part pour faire les courses dit-elle en se retenant pour ne pas éclater en sanglots.

Obstiné, Oliver poursuivit en resserrant son étreinte :
- fou toi pas de moi ! Tu es toujours là à te pavaner dans tes jeans moulants ! Tu te maquilles et tu te parfumes comme une prostituée !
- Je... Non... jamais je n'ai fait ça, tu es jaloux et tu t'y t'imagines n'importe quoi. Lâche- moi je t'en pris ! Tu vas me briser le cou...S.t.p...

Oliver la relâcha et sans dire un mot de plus, il alla fouiller dans le réfrigérateur. Massant son cou énergiquement, Mila qui voulait en finir ajouta malgré la peur :

- si j'avais encore un peu confiance en toi, c'est fini aujourd'hui Oliver. Tu m'as montré une fois de plus que jamais tu ne changeras. Je vais partir et pour de bon. N'essaye pas de m'en empêcher ou cette fois si je porte plainte .
- Et tu crois que la police me fait peur ? Ils sont où tes preuves ? Tes témoins ? Je connais du monde souviens-t-en ! Et aucun voisin n'osera ouvrir sa bouche sous peine d'en payer le prix.
- Au revoir Oliver dit Mila sans prendre la peine de répondre à ses questions. J'espère que tu changeras, car la prochaine pourrait bien te faire regretter de lever la main sur-elle.

Mila se retourna et allait partir quand soudain, Oliver l'empoigna par derrière et tout en lui couvrant la bouche pour ne pas qu'elle hurle, il dit dans un murmure :
- Oh non tu ne partiras pas ! J'en ai trop supporté et je vais te le faire payer jusqu'à ce que tu me demandes pardon à genoux ! Tu es qu'une trainée et je te promets que tu vas souffrir !
Mila se débâtit avec peine, il était trop fort, jamais elle ne pourra lui échapper, elle était sous son emprise.

La saisissant par les épaules, il la plaqua contre le mur le plus proche et dit amer :
- je vais te faire regretter d'avoir pensé un seul instant que tu pourrais me quitter ! Toi est moi c'est jusqu'à ce que la mort nous sépare !
- Oliver non... Je t'en supplie pardonne-moi ! Dit-elle avec difficulté.

Serrant de plus en plus le cou de sa victime, Oliver Hopper était aveuglé par sa rage, il ne voyait que le mal, pour elle Mila était le diable et il ne comptait pas la laisser s'en sortir. Mila suffoqua presque tellement il serrait son cou délicat... Elle allait mourir aujourd'hui et rien ni personne ne saurait qu'elle avait envie pour une fois d'être aimé telle qu'elle était...qu'on la prenne juste une fois dans ses bras avec douceur et amour...

Soudain, le bruit de la sonnette de la porte fit sursauter Oliver, revenant à lui, il lâcha sa victime qui retomba sur ses pieds... Son corps se remplit avec douleur d'air, elle avait mal si mal, plus jamais elle ne voulait vivre ça...
- Va ouvrir la porte ordonna-t-il et surtout ne joue pas tes victimes. Tu ne voudrais pas que je m'en prenne à quelqu'un d'autre .
Mais Mila n'en fit rien. Encore sous l'effet de la panique, elle saisit un couteau et profitant qu'il lui tournait le dos, elle dit :
- plus jamais tu ne me feras de mal.
- On verra ça dit-il d'un ton sec.
- C'est tout vu !

S'en savoir comment, la jeune femme enfonça le couteau dans le dos de son bourreau. Presque aussitôt, il s'écroula au sol dans une mare de sang, ce simple geste avait suffi pour venir à bout de lui. Lui si fort et menaçant n'était plus qu'un corps sans vie.

- Adieu Oliver dit Mila en le regardant allongé dans son sang. Jamais plus tu ne feras de mal à qui que ce soit.

Sans un regard de plus pour son bourreau, Mila prit ses affaires et quitta les lieux en larmes. Après avoir pleuré un long moment sans but, elle saisit son téléphone portable et le regarda un moment sans savoir quoi faire. Devait-elle se livrer à la police ? Ou devait-elle fuire loin d'ici, loin de tout ?

Seule et perdue, elle composa le seul numéro qu'elle connaissait :
- allo c'est moi, j'ai... Je...
- Mila ?
- Oui, je... J'ai besoin de toi.
- Que veux-tu ma chérie ? Dit la personne au bout du fil.

Se ressaisissant, Mila essaya de contrôler les tremblements dans sa voix et dit au bout d'un long moment :
- j'ai quitté Oliver, je ne sais pas ou aller.
- Tu es la bienvenue à la maison lui répondit la personne sans hésitation.
- D'accord je vais venir, merci, merci mille fois....

D'une main tremblante, la brunette raccrocha sans dire un mot de plus. Elle allait enfin pouvoir vivre de nouveau. Mais à quel prix ? Pourra-t-elle fuir indéfiniment ? Qu'adviendra-t-il si on découvre ce qu'elle a fait ? Qui pourra la protéger de ses démons ? Car même si son geste était en partie justifié, ce soir elle venait de tuer un homme.

- Libre, je le suis enfin dit-elle dans un murmure. Mais pour combien de temps ?

Prologue

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